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Crotte du morning
19 juillet 2015

#19 La vie de fonsdé

Quand je cesse d'être hypocrite, il faut que j'admette que je suis sous l'emprise de la drogue la plupart du temps. Diverses drogues, mais principalement le cannabis. Ho, la plupart de mes proches s'étonneront, diront que "ça ne se voit pas", même ma copine actuelle et mon ex disaient qu'elles ne remarquaient rien, ou alors, assez rarement. C'est principalement parce que je n'abuse pas trop quand je suis avec des gens, et parce que j'ai appris à gérer ce vice pour qu'il n'apparaissent pas, tout comme certains alcooliques se parfument pour masquer l'odeur de la boisson. 

Mais mon but ultime est d'obtenir quartiers libres, et quartiers libres s'accompagne, dans mon quotidien, toujours de la weed. Je ne vais pas décrire les effets euphorisants recherchés mais plutôt des effets secondaires et comment ils modifient ma vie.

Même si j'ai personnellement l'impression que je cherche l'isolement et que consommer l'herbe qui fait tourner la tête n'est qu'une façon pour moi d'obtenir cette indépendance, il faut préciser qu'une fois l'herbe consommée, on n'a plus d'autre choix que d'être isolé, et toute rupture de l'isolement requis provoquera de sérieux désagréments. Les sens exacerbés, les idées en mouvement dans l'esprit, l'attention éparpillée, rendent les rapports sociaux très aigus et se traduisent souvent en inconfort, voire terrible angoisse (agoraphobie, anxiété sociale, paranoïa) que je cherche à éviter à tout prix. Avec les années, j'ai appris à assumer pleinement mon vice, donc j'évite simplement le contact de mes pairs et vis relativement comme un reclus, étourdi par mon herbe, trouvant mon bonheur dans des activités solitaires : création artistique, passion des jeux vidéos, masturbation ...

Dans une journée type, j'attends évidemment le moment d'avoir quartiers libres. J'évite de prendre tout rendez-vous, si j'ai des courses à faire, je les fait dès que possible car j'ai cessé d'aller au supermarché défoncé, sous peine de paniquer à la caisse et d'avoir à me réfugier au rayon frais. Une fois que j'ai répondu à toutes mes responsabilités et besoins, j'ai donc quartiers libres, et je m'envole dans mon petit univers, peuplés de songes musicaux et de meurtres numériques.

Parfois, je suis rattrapé par la réalité : rendez-vous imprévu que j'esquive en culpabilisant, pression mortelle de la solitude, accablement du sentiment de construire ma propre prison, problèmes de nervosité liés à la fatigue que cause la descente, perte de contact avec la réalité menant à une anxiété exacerbée, sentiment de gâcher ma vie (en tout cas, ma vie sociale), problèmes de santé lié à mon manque d'activité physique, problèmes de mémoire, problèmes de vue (troublée), de sommeil, de concentration ... Bref, les problèmes sont nombreux et évidents. 

Et ça fera bientôt 20 ans que je consomme quasi-quotidiennement, et 10 ans que j'ai de plus en plus conscience des problèmes, mais j'assume tellement ma singularité solitaire que je préfère m'arranger pour limiter ces problèmes que de changer de vie. 

Et quand j'arrive à m'isoler convenablement, tout ces problèmes n'en sont plus. 

Je peux dire que j'ai créé ainsi une sorte d'équilibre, mais son coût énergétique reste trop grand, et ce prix à payer me pèse de plus en plus au fur et à mesure que les années passent. Ma vie évolue : aujourd'hui, j'ai une femme, et demain, j'aurais des enfants : je ne peux plus vivre dans cette bulle. 

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