Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Crotte du morning
8 décembre 2014

#14 La Frustration

Je pense que ma vie a été très marquée par la frustration. Je suis d'un tempérament "naturel" peureux. Par naturel, j'entends que cela a commencé très tôt dans mon enfance et a perduré longtemps de manière inconsciente. Cette peur, bien qu'inconsciente, a dicté beaucoup de mes actes.

J'ai pris conscience de la peur à cause de ses élements visibles, notamment la timidité dont j'ai souffert jusqu'à 25 ans environ. Cette timidé laisse des traces, et même si ce n'est plus un sujet tabou pour moi, c'est aujourd'hui mon orgueil qui souffre d'avoir été un jour le grand timide que je fus. La principale conséquence de cette angoisse est de provoquer chez moi un comportement fuyant, lâche peut-être. De fait j'ai développé des goûts en accord avec la grande solitude, et quelque part je porte cette peur pour responsable dans la grande créativité dont je semble bénéficier. 

Si parfois mes proches admirent ou jalousent gentiment cette créativité, moi je jalouse souvent leur vie sociale et sexuelle. Non pas que la mienne soit pauvre - aujourd'hui elle me satisfait pleinement - mais j'envie rapidement les choses que je suppose ne pas avoir, ou ne pas avoir connu. Je me sens globalement content lorsque je fais des comparaisons, je traverse des moments de frustration, de vide.

Ce qu'il m'arrive, c'est que je souffre de mon enfermement. Je loupe des soirées, je ne vais pas à des rendez-vous, je ne sors pas. Je fume de l'herbe en regardant par la fenêtre. Parce que j'ai peur. Parce que je n'ai pas envie de faire l'effort que ça me coûte. Je me suis accomodé de cette vie, de cette bulle, dans laquelle je fais vivre d'autres choses : des choses personnelles, intimes, dont l'art est une forme de partage et de tentative de connexion avec les autres. C'est un monde intérieur aux contours floutés par l'herbe que je fume, avec sa violence, ses parois, son bouillonnement, ses sifflets. 

Les autres, le monde extérieur, concret, me rappellent parfois que cette bulle n'est pas très grande. C'est une cellule aux cloisons parfois opressantes. Frustrantes. Dehors, il existe un monde, des gens, des odeurs, des rencontres, des regards, des expériences. Même le danger me fait envie. Parfois, les autres, en me racontant leur vie, me rappellent à ce que je rate. Dans mes névroses d'aujourd'hui, à 34 ans, ce sentiment de "louper la vie" est le plus douloureux que je peux éprouver.

Dans ce système, l'herbe que je fume n'est pas mon alliée. On peut le penser au début, car elle tapisse la cellule de choses douces. Mais quand on réalise à quel point elle rend les parois dures à franchir, on peut se questionner. L'herbe serait-elle la source de ce sentiment de frustration ? 

Souvent je clos ce débat intérieur en faisant l'inventaire de mes propres expériences, et me rappelle qu'elles sont nombreuses et excitantes, et que je souffre d'un complexe qui me rend envieux des autres, minimise mon propre sort et embellit celui des autres, alors que ma propre existence me satisfait, dans l'absolu, pleinement.

C'est là que j'en déduis que je suis simplement malade du cerveau, et que ma vie n'est nullement inférieure. Que je dois m'apaiser. Tout va bien. Tu ne loupes rien, mon vieux. Tes choix sont v

C'est pour cela que me sont utiles la méditation et l'écriture. Non pas repousser, mais désamorcer le complexe, la névrose.

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Publicité